Lors d'une ballade dans la nature, j'ai rencontré une jeune femme, elle pleurait, je me suis approchée et j'ai vu sur son dos des ailes de fée.
Elle avait une histoire à me raconter, son histoire à me déposer.
Je me suis assise et je l'ai écoutée.
Je pense qu'une part de moi ne veut pas être ici, sur Terre.
Quand je suis sur le point de m'attacher à ce que je vis, d'être épanouie sur la durée, je sens que mon corps recule, comme pour dire ''n'y vas pas, ne t'engage pas, n'aime pas trop... reviens moi, souviens toi''.
Je me sens comme une veuve qui recule après chaque nouvel élan amoureux se refusant de vivre à nouveau ce sentiment auprès d'un nouvel amant, restant en mélancolie d'un ailleurs qui n'est plus, refusant de vivre pleinement.
Sans même me regarder elle continuait, dans un discours sans respiration, elle enchaînait.
Je me sentais troublée, mais je sentais son besoin d'être écoutée, regardée. Alors je l'écoutais, je la regardais, et j'apercevais par moment des bouts d'elle (d'ailes ?) derrière ses mots (maux ?)
Avoir des idées c'est super, mais les concrétiser ici-bas c'est lent, et il y a toujours un truc qui ne va pas. J'ai envie de penser l'idée et de la voir se concrétiser, instantanément, comme Avant.
Mais... depuis quelques temps je sens que je veux vivre parmi les humains, vraiment, je veux apprendre à "fonctionner" ici, découvrir leurs codes.
Cependant j'ai très peur de trop aimer ça, d'abandonner les miens là-bas.
Et si j'aimais la vie sur Terre ? Et si le jour de ma mort je me mettais à hésiter ? A ne pas vouloir les quitter car je me serai attachée à ces gens ? A avoir peur, et à ne plus vouloir retourner là-haut, chez moi ?
Je suis à l'aise avec la mort car il s'agit de la vraie vie.
Je ne veux pas oublier.
Je n'ai pas totalement envie de m'enclencher ici.
Je me connais, je sais que je suis faite pour vibrer, et l'humanité commence à me faire vibrer. Débuter mes activités, diffuser l'amour dans la matière, gagner suffisamment d'argent pour ne plus m'en soucier, vibrer l'amour et Le rencontrer, faire des bébés, oui, procréer et rester !
Je sens comme un deuil à faire.
Choisir de m'incarner, y mettre les deux pieds.
Je sens que vient le moment de laisser aller le Passé, l'Avant.
De m'incarner, ici, pleinement.
Oui mais...
J'aime ce doux flottement, seule chez moi, rien, personne ne m'attend, aucune obligation, juste je regarde. Je dialogue intérieurement, le temps n'existe plus, ni les attentes, ou les émotions lourdes, ou la densité, je me laisse juste porter... Détachée, libérée, je ne suis plus reliée, je suis l'immensité, je suis tout et rien, je flotte, me transporte, l'univers me porte, je me ballade dans les étoiles, transparente de ce monde auquel je n'appartiens pas, dont je ne veux pas, légère et aérée, libérée de la densité, je me laisse aller, à flotter, à vibrer, quittant mon humanité, ce corps qui n'est pas moi, ce voile de personnalité, je me laisse aller, je retourne à la maison, je ressens cette sensation...
Puis mon corps et mes émotions me ramènent, lourdement, brutalement, ni ici, ni là bas, je ne suis rien, je ne sais plus, je ne sais pas. La densité, les pensées sont là, je ne sens plus les étoiles, je ne sens plus mes amis de l'au-delà...
Oh comme j'aimais le temps d'Avant, avant de m'incarner à moitié ici-bas, j'aimais dialoguer par la pensée et me téléporter, aller et venir, prendre plaisir à me rapprocher, regarder, observer... Les humains ne me voyaient pas, j'étais juste là, je flottais, j'insufflais, et j'adorais ça, oui j'adorais ça, je n'étais qu'Amour, une pluie de paillettes douces et légères, j'étais si vivante, ou plutôt vibrante, je n'étais qu'énergie pure et mon quotidien était doux et aérien.
Ici je ne me sens pas très bien.
Et pourtant j'ai choisis, j'ai entendu l'appel, j'ai choisi, dans la grande salle j'ai appris, j'ai imprégné, je me sentais en joie, toute excitée, j'avais si longtemps regardé, j'allais pleinement participer !! J'étais si enjouée ! Dans le passage j'ai commencé à sentir la densité, la peur est arrivée et tel l'amour qui jadis m'habitait elle s'est emparée de tout mon être, j'étais effrayée, déjà fœtus je me sentais perdue et éparpillée, ce corps pourtant si lourd ne me permettait pas pour autant de saisir mes contours.
Une fois sortie j'avais froid, j'avais faim, j'avais peur, ma peau me brûlait, les émotions me traversaient. Cet amour de l'Avant, cette pureté... disparus avec l'arrivée de la densité !
Je le savais, je savais que les premières années allaient être difficiles, j'étais prévenue, j'avais observé, appris, j'en avais pourtant été imprégnée.
Mais ici, loin de vous, loin de tout, derrière le voile de l'oubli j'étais seule et démunie.
Tout au long de sa tirade elle semblait devenir transparente, de la lumière l'entourait, de plus en plus, elle semblait s'évaporer, ses yeux fixaient le ciel et il l'absorbait.
Et simultanément elle semblait tomber brutalement sur le sol,... sur lequel elle était déjà assise pourtant.
Elle semblait ni ici ni là-bas.
Elle semblait si seule, et j'étais si invisible à ses yeux.
Je savais que je pouvais demander à m'en aller. J'ai souvent regardé ce grand couteau, j'en ai caressé la lame, elle représentait le salut de mon âme, je pouvais demander, mais je le reposais, et j'attendais. Encore 3 mois, puis 3 autres, encore 2 fois, une année de passée. Allez, encore 3 mois, puis 3 autres, encore 2 fois, une autre année...
Le temps passait et je le regardais.
Je savais. Dans la nuit j'y retournais, dans mon sommeil ils venaient me parler, mais le matin c'était ce corps dense et tout ratatiné que je retrouvais, que je traînais. La douleur si forte parce que je ne parvenais pas à m'y adapter, si forte pendant de si longues années, mon corps me demandait de ne pas l'oublier, quand regardant le ciel je ne désirais rien d'autre que m'en aller.
Alors j'ai craqué, c'était trop long, trop dur, ils m'avaient indiqué qu'à cet âge là il se passerait quelque chose, je ne m'attendais pas à ça, j'ai saturé, je les entendais, j'écrivais, je me perdais, entre ici et là-bas je ne savais plus où j'étais.
Echec après échec j'ai abandonné, je suis restée, mais sans volonté. La vie je l'ai laissé me traverser, j'étais éteinte, mon corps criait plus fort et moi je m'étais débranchée.
3 mois, puis 3 autres, puis... je ne comptais même pas, j'attendais. Je me traînais.
Elle reprit sa respiration et j'aperçu son regard, elle semblait regarder dans ma direction, mais sans me voir. Comme si ses yeux étaient encore reliés à autre part...
A présent j'ai vécu le réveil de cette longue hibernation, je me suis libérée du poids du passé et de toutes ces émotions, j'ai créé mes contours et je me sens en sécurité, j'ai tant appris, et surtout je sais que vous êtes toujours ici.
On a recommencé à discuter, et mon cerveau est enfin équipé pour supporter !
Etape suivante : lâcher.
Lâcher un côté.
Rassembler mes deux pieds !
Oui je veux rester jusqu'à la fin de cette vie, et la date est loin pour me laisser le temps d'oeuvrer, mais j'ai tant de mal à accepter d'y vivre avec mes deux pieds. Simplement je suis bloquée.
Sans être incarnée je ne peux plus avancer, je ne peux pas prendre la direction rêvée, celle que j'ai choisi avant de m'incarner. Je ne venais pas juste pour regarder ou expérimenter, j'ai établi un contrat, j'ai choisi avec plein de joie, je les avais suffisamment observés, je venais pour semer, germer et leur apprendre à récolter, je venais pour briller et déposer ma poussière de fée, je venais pour guérir et leur montrer, je venais pour m'incarner et les rassurer à ce sujet, les accompagner, pour qu'ils libèrent leur lumière, qu'ils se rebranchent et se mettent en activité !
Je m'y suis engagée et j'aime la mission choisie, j'ai envie d'oeuvrer, j'ai dis Oui.
J'ai CHOISI de rester, je sais que tout va se mettre en place, que je vais y arriver, tout était fait pour, elles passent devant et me préparent le terrain, tout est là pour demain.
Mais aujourd'hui, aujourd'hui je choisis, je renouvelle mon Oui.
Allons-y !
Elle était rayonnante, d'une étonnante beauté, si lumineuse, tellement enjouée !
Je demande l'activation du programme *Enracinement* !!
Mais, promettez moi que je ne vous oublierai pas, que j'aurai toujours envie de rentrer à la maison le moment venu, ne m'abandonnez pas, s'il vous plaît, restez tout près de moi, pendant ce passage encore plus, et faites en sorte que tout se déroule au mieux, que ce soit le plus doux pour moi, le plus fluide, le plus agréable.
Merci mes amis.
Je signe, j'accepte, le programme Enracinement est activé, processus enclenché. Je suis sur le point d'être à 100% humaine, le temps de cette incarnation. Après je rentrerai à la maison.
J'ai le désir de mener à bien ma mission.
Je me sens prête, forte, soutenue, confiante, et pas seule.
Que ce soit parmi les Terriens ou vous, je sais que je ne me sentirai plus jamais seule, je sais que je suis entourée et sacrément encouragée là haut. Je vous sens tous autour de moi, je sens vos espoirs et votre foi.
C'est bon de vous sentir si près comme ça, d'entendre vos messages, de sentir vos souffles, vos lumières, votre douce chaleur réconfortante.
Mon équipe, ma grande famille, je vous vois, je vous reçois, et cette fois- ci je ne doute pas.
Je vous remercie de m'avoir montrer les humains sur qui m'appuyer, de m'avoir appris à les aimer, à m'y attacher, de m'avoir permis de découvrir cette belle famille ici bas, eux aussi viennent du même endroit.
Je choisis de m'attacher à ces humains qui sont ma famille de coeur ou de sang dans cette vie là, en attendant de vous retrouver là haut, là-bas.
Je la regardais et elle ne me voyait toujours pas.
Plus elle était enjouée et plus elle semblait s'envoler. Le processus d'incarnation ne se faisait pas en un éclair apparement...
Elle était si belle, si entière, sa joie irradiait et réchauffait mon coeur, les arbres semblaient sourire, un doux frisson se répandaient comme des papillons dans un ventre amoureux.
Je la regardais, subjuguée, émerveillée, et elle ne me voyait pas, elle n'était pas (encore) vraiment là.
Elle continuait...
Mon équipe, ma grande famille, je vous vois, je vous reçois, et cette fois-ci je ne doute pas.
Et ben voilà les gars, je suis humaine, je l'ai fait !
C'est vrai ce qu'on dit : c'est hyper difficile, mais la lumière prend bien plus d'intensité après avoir traversé la si profonde obscurité...
Merci pour tout.
J'ai osé, je me suis approchée, j'ai senti que je devais, et je lui ai parlé...
- Bonjour, je te vois et je t'entends, je m'appelle Lise, je suis humaine, et je suis près de toi.
- Oh ça y est ! Moi aussi je suis humaine, complètement, c'est tout nouveau et je suis TRÈS contente,... mais je ne te vois pas...
Je crois savoir pourquoi, j'ai gardé mes ailes et elles m'empêchent d'être Elle.
Je dois les déposer pour bien entrer dans mes pieds.
Je vis une larme couler sur sa joue et je me suis sentie émue, chacune de ses émotions était si pure, si entière, si communicative.
J'avais devant moi cet être (mi humaine, mi fée) qui, pour continuer à avancer dans sa vie humaine pensait devoir quitter ses ailes, pour choisir ses pieds ! Elle était si passionnée ! Je choisis alors de lui expliquer, de la rassurer :
***
- Oh non, non, non. Tu n'as pas à choisir entre la vie ici ou la vie là-bas. Tu n'as pas à choisir entre tes ailes ou tes pieds. Tu n'as pas à vivre à moitié.
Je t'écoute depuis tout à l'heure, en train de lutter, choisir de partir ou choisir de rester.
Si le voile de l'Oubli t'as oubliée ce n'est pas pour rien, ce n'est pas anodin.
Ma chère Elsa, je comprends maintenant pourquoi je suis venue jusqu'à toi.
Tu es une fée incarnée venue répandre sa magie ici.
Tu vas apprendre à vivre avec un pied de chaque côté !
C'est ton talent.
Tu vas permettre aux gens d'ici de s'ouvrir à la magie,
tu vas les aider à glisser de l'autre côté le moment venu,
tu vas leur apprendre à écouter la Nature et leur Nature,
et surtout tu vas aider les autres mi-humains à s'incarner dans leur mission, dans leur vie d'ici,
sans avoir à choisir ici ou là-bas.
Juste ÊTRE LÀ.
***
-
Elle se mit à sourire, elle m'écoutait calmement, comme si elle avait tant attendu ce moment. Elle était plus calme, toujours aussi enjouée et décidée, mais bien plus incarnée et apaisée. Je pouvais lire tant de choses dans son sourire, il racontait des histoires, à n'en plus finir, j'étais sous le charme de cette si douce pureté et...
- Ça y est !
Je suis.
Oh, merci.
Elle était encore plus belle ! Elle était là, devant moi, et je voyais ses yeux, son regard bien présent et assez intense, elle semblait en lien avec tout mon être, sans le moindre jugement. Dans son regard je me sentais tellement... tellement plus, plus que tout ce que je n'aurais jamais pu imaginer.
Elle était si étonnante, si Vivante.
- Bienvenue à toi, Elsa (Ailes à ... ?)
Fin... Début !
Lise & Elsa
Lise Billon
***
Ce texte est une fiction, ou pas, inspirée par plusieurs réalités.
Bienvenu aux Volontaires venus aider la Terre.
Vous n'avez pas à choisir, juste à être et rayonner.
J'espère que cette histoire vous aura parlé :)
Merci d'exister.
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