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  • Photo du rédacteurLise Billon

"Une femme seule au Maroc" (Chap.2)

Dernière mise à jour : 2 nov. 2021

Chapitre 2 : Intensité


Résumé : sortir de sa zone de confort, aller vers l'inconnu, prendre soin de ses peurs, positionnement, confiance en la Vie, extériorisation des émotions, écouter ses envies, dire non, lâcher prise, dire oui, l’état de Présence de d’écoute.


***



7 juin : Etape 1 : l'aéroport et l'avion


3 mois viennent de passer.

Le grand jour est arrivé.

...Et mon vol n'est pas annulé !


Je ne me sentais pas stressée par ce départ. J'étais dans la voiture, sereine, discutant avec Johanna qui conduisait, mangeant des gâteaux, riant... et puis j'ai vu le panneau indiquant l'aéroport.

A ce moment-là quelque chose s'est figé en moi et une phrase est sortie de ma bouche : "je ne veux pas y aller".


Quand on était dans le parking j'avais une furieuse envie de rentrer chez moi et de me cacher dans mon jardin ! Non, non, non, je ne voulais plus partir.


Puis dans l'aéroport on se disait au revoir et je lui disait à quel point c'était une idée totalement absurde de partir seule 15 jours au Maroc alors que c'est mon 1er vol, mes 1ères vacances et ma 1ère fois dans un pays étranger ! Moi qui me perds dans ma propre ville et même dans des lieux ! (Je ne vous raconterai pas la panique il y a un an quand je m'étais égarée dans le bâtiment de la chambre des métiers et de l'artisanat de Nantes et que j'ai attendu assise devant les wc car je ne trouvais plus la sortie...).


Nous avons tous des peurs différentes, pour ma part parler face à une foule c'est facile, je me sens ''chez moi'', là où pour beaucoup ça donne un vertige intérieur, par contre être dans un lieu sans repères me trouble, me tourne la tête, me coupe le souffle et m'empêche de raisonner, de respirer. J'étais déjà venue dans cet aéroport afin de me créer des repères, rassurant ainsi ma peur. Mais là devant le fait de mon départ imminent je me suis confrontée à la perte de repères à venir, mes jambes tremblaient et je ne savais plus où j'étais.


J'ai repris l'avion 3 mois plus tard, j'étais seule aussi, et très à l'aise, je connaissais les étapes, la marche à suivre, jusqu'à être dans l'avion, donc il n'y a eu aucun stress. Il s'agit d'une peur liée au fait de ne pas pouvoir visualiser le déroulement avant de le vivre. En visualisant j'avais des zones de flou, j'avais noté chaque étape mais n'ayant pas le visuel qui allait avec j'avais la sensation que j'allais marcher dans le vide, à l'aveugle.

Il est intéressant de regarder le coeur des peurs, bien sûr elles sont irrationnelles, donc raisonner une personne qui a peur est globalement inutile ! Pour ma part j'avais besoin de visualiser, donc j'étais venue avant pour repérer, j'avais vu des hôtesses partout à qui je pourrais au besoin poser mes questions, donc j'ai pu m'appuyer sur ce repère. Aussi, j'avais un joker en cas de vertige intérieur (une personne ressource que je pouvais appeler). Et pour la suite j'avais noté chaque étape en détail et visualisé (par google maps), j'avais aussi noté des solutions en cas de problème avec ces étapes.

Je suis douée pour trouver des solutions et agir, et même sans tout ces repères et notes j'aurais pu m'en sortir, mais mon but était de vivre chaque étape de ce voyage de la façon la plus agréable pour moi, donc j'ai trouvé tous ces petits ajustements. Et ils m'ont été TRÈS utiles pour la suite du voyage, et dès mon arrivée d'ailleurs !!!


Regardez une situation du passé, ou à venir qui vous fait peur, et au lieu de foncer ou de reculer, voyez comment vous pourriez (ou auriez pu) prendre soin de votre peur, c'est comme ouvrir le placard et montrer à l'enfant effrayé qu'il n'y a pas de monstre dedans. C'est un ajustement permettant plus de détente, face à quelque chose qui semble irrationnel.

Cela rend la vie beaucoup plus douce, et les sorties de zone de confort plus confortables. On est pas obligé de souffrir pour avancer dans la vie...



L'expression de mon visage en dit long "Mais qu'est-ce que je fais ici ??!!"



Ayant eu l'habitude de gérer ce genre de situation seule, très vite je me recentre (ou plutôt je me coupe de moi-même pour continuer à avancer). Je me met à suivre chaque étape comme un automate, je me sens en état de choc, mais je suis fonctionnelle, je fais ce que je dois faire, étape par étape, coupée de tout, ne pouvant faire autrement.


Puis je me dit que je n'ai pas envie de vivre mon 1er vol ainsi, ni mes 15 jours de vacances, alors je me décide à appeler mon "joker"*, et au même moment la merveilleuse et pleine de vie Anne Cécile m'appelle !! Elle sera "avec moi" jusqu'à mon embarquement. On parle de plein de choses et je sens à nouveau la vie circuler en moi, je respire, je parle, je ris, je vis.

Je sens à nouveau le joyeux mix "appréhension & excitation" !


J'étais dans la conscience d'être coupée de moi, et ce qui est positif c'est que je ne me suis pas jugée, j'ai bien vu que je faisais de mon mieux.

Puis j'ai eu envie de vivre les choses différemment, tout en étant consciente de mes limites et en prenant en compte mes peurs. Et du coup tout s'est merveilleusement passé !

Au lieu de foncer, ou de reculer, j'ai ralenti et j'ai pris soin de moi.



...



Je crois apercevoir mon avion, et je me sens amusée car il s'appelle ''KLM'' (calme), finalement il ne s'agit pas de celui-ci, dommage, mais j'en vois un autre sur lequel il est inscrit ''nouvelair'', ça sonne super bien pour mon départ, mais là encore ce n'est pas mon avion...

Je m'impatiente, et je me reconnais dans le petit garçon qui demande à sa maman ''C'est lequel alors ?? Maman c'est lequel notre avion ? Pourquoi on le voit pas encore ??? Mammmmmaaaannnn !!!''

Elle ne répondra pas et je vais continuer à m'impatienter avec mon excitation. Comme lui ! On a des échanges de regards amusés avec ce petit...


A ce moment-là plusieurs émotions sont présentes en moi, je les regarde, j'en nie aucune. Au lieu de chercher à réduire l'appréhension, l'inquiétude face à l'inconnu, et les nombreuses peurs, je choisis de porter mon attention sur l'excitation, la douce impatience, mon enfant intérieur curieux et enjoué. Ainsi, naturellement les peurs passent au second plan.

La clé est de tout regarder, de ne rien rejeter, puis de choisir à quel endroit on souhaite mettre son énergie. Lorsqu'on conduit, la voiture suit la direction de notre regard, dans la vie c'est pareil.

Tout simplement !



Je suis la foule vers mon avion, intriguée...


Puis...


Je découvre...


...


ÇA !!?





Comment je suis déçue ! Il est moche, petit et pas du tout impressionnant !!! Oui c'est pas la taille qui compte, ni même le physique, mais tout de même, pour une première fois je m'attendais à mieux.

Je croyais sentir un frisson me traverser en le regardant, mais rien du tout...

En plus je sens un soupçon d'inquiétude car il doit partir dans 3min au moment où j'avance vers lui avec les gens, ça me semble court 3min pour y mettre tout le monde et décoller...



...



Ça y est, je suis dans l'avion, je suis installée.

Et 1ères impressions : J'ADORE ÇA !!!!!


Alors d'abord j'ai tout écouté ce que la dame disait dans le micro et ce que l'hôtesse de l'air mimait, c'était en anglais mais les gestes étaient clairs et je me montrais vraiment attentive.

Puis l'avion recule, inquiète, je regarde la dame à côté de moi, je lui dis que c'est ma première fois et je demande si c'est normal qu'il recule au lieu d'avancer.

Sur le moment je me suis dis que j'étais peut-être pas dans le sens de la marche, comme dans le tramway, mais j'ai vu qu'on était tous dans le même sens, comme le pilote...

Elle me dit oui et on échange un peu, elle me parle du décollage et me dit qu'elle n'aime pas trop. Moi je me sens sereine, je suis excitée, j'ai hâte de découvrir, et je me sens apaisée de savoir que ça va commencer. Je me détends et je baille, plein de fois ! J'adore les transports en commun, ça m'apaise, ça va sûrement être pareil...


Il finit par avancer, s'élance et... s'arrête !!! Je regarde la dame en étant hyper déçue !! Elle même ne comprends pas, déjà qu'on a au moins 30 mn de retard, elle se demande ce qu'il se passe.


L'avion se replaçait.


Là on repart à nouveau, je suis prête et impatiente, je regarde par la fenêtre et je vois un truc bouger sur l'aile, c'est normal ? Ou s'est en train de se casser ? C'est un avion discount et il n'a pas l'air si solide... Je garde mes raisonnements pour moi, et j'observe, confiante.



Enfin il décolle et j'adore cette sensation !!!!!



S'envoyer en l'air, c'est si bon !




Mais c'est déjà fini, et les turbulences alors ??!! Ben mince, c'est tout ?

Ça doit pas secouer davantage normalement ??! La prochaine fois je choisirai un gros avion et je partirai un jour de tempête, là je me sens dans un manège pour enfants...


On monte, on monte, on monte et je me sens à chaque fois un peu mieux.

J'aime cette sensation dans mon corps comme si mes organes avaient tous plus d'espace, l'air circule mieux en moi, je me sens légère, détendue, en expansion intérieur.


Je me sens si bien.

Je me sens "chez moi".


Je trouve quand même que ce n'est pas assez rapide, puis j'apprends qu'on est à 800km/h, c'est surprenant ça, j'ai l'impression d'aller si lentement ! Quand on croise des avions je les vois aller super vite, mais nous on semble faire du sur place... J'observe intriguée.

Je vois des poissons dans l'eau et je réalise qu'il s'agit de bateaux, eux aussi semblent faire du sur place. C'est intriguant ces sensations.


Dans la vie on a parfois l'impression que tout le monde va vite et que l'on fait du sur place. Chacun est dans son propre avion et donc l'objectivité est impossible.

Notre vision dépend de notre point de vue.



L'atterrissage sera identique, sauf que plus on descend et plus je me sens triste, je sens à nouveau la densité dans mon corps, je sens moins d'air, moins d'espace, je veux retourner là haut. En plus c'était bien trop rapide ce vol, je n'ai même pas eu le temps de sortir un livre !!

Ça remue, c'est marrant, mais ça passe trop vite.


C'est fini et j'ai déjà envie de recommencer.


En tout cas je suis ravie parce que je me sens bien en vie, enjouée, excitée de découvrir !

Moi qui m'enthousiasme devant un brin d'herbe mes yeux sont avides de découvertes !!! Ce qui me surprend c'est que mon odorat aussi aura des surprises, l'air a une odeur douce et sucrée à l'aéroport de Fès, c'est étonnant.

Et encore aujourd'hui je le sens, partout, l'odeur est différente. Je ne parle pas d'odeurs d'épices ou de cuisine, mais l'odeur générale, l'odeur partout est différente, je ne savais pas que les pays avaient des odeurs. En tout cas j'aime celle-ci (ça ne va pas durer...).





***



Etape 2 : trouver le bus, esquiver les taxis


J'étais bien préparée et l'étape fut donc rapide, réussite totale.

Arrivée à l'aéroport à 12h20, j'ai rempli la fiche, j'ai eu mon passeport tamponné (son tout premier tampon !!!), j'ai récupéré mon sac (j'avais peur qu'il ne soit pas là ou que quelqu'un le prenne...), j'étais ravie de le revoir !

J'ai changé 10€ en dirham (pas plus car le taux de change est moins intéressant à l'aéroport), j'ai fait pipi et je suis sortie vers le bus !


Je sais que le bus n°16 est à 4dh (environ 0,40€) et il passe toutes les 30min et dépose à Fès. Le taxi est bien plus cher, 150dh (environ 15€) il me semble, et encore il faut le négocier pour l'avoir à ce prix là...


Pour arriver au bus je dois traverser la zone de taxis d'abord...

Je suis souriante et prête. Avant même d'arriver à leur niveau 3 chauffeurs me proposent de me déposer à Fès. Je refuse poliment en leur parlant du bus. Personne n'insiste. Arrivée à la zone taxis je sens plus d'insistance de leur part.

Ne voyant rien qui ressemble à un arrêt de bus, et ne voyant rien du tout d'ailleurs je demande des indications aux quelques personnes présentes (tous des chauffeurs !), et ce n'est pas simple d'avoir des infos car ils ne sont pas enjoués à l'idée que je prenne le bus et non leur taxi ! Y'en a même un qui me dit que le bus c'est pour l'école ! Je lui dis que je prends le bus 16 pour Fès centre, et ''non non, pas de bus Fès, le bus pour école, toi prendre taxi, moi je t'amène viens'', un autre me dit que le bus va me laisser trop loin, il me demande où est mon hôtel, il me dit que pour la médina il n'y a que le taxi.

Je me suis préparée, éh éh : je souris et je lui dis que quelqu'un m'attend à l'arrivée du bus pour me conduire à mon hôtel, je le remercie de vouloir m'aider, sincèrement, mais IL EST OÙ LE BUS ?!

Il semble un peu blasé, mais je suis confiante et sûre de moi, et il n'insiste pas du coup.


Je vais finir par trouver cet arrêt de bus, mais il n'a pas d'horaire, pas d'abri et il est en plein soleil.

Si à Nantes je peux me passer de lunettes de soleil, là je me sens totalement aveugle si je ne les porte pas !! J'ai mes lunettes, mon chapeau, l'arrêt de bus devant moi, je vais aller sous cet arbre tout proche et patienter en humant l'air doux et sucré.


Oui je devais arriver entre 12h et 14h à l'auberge mais rien ne presse. Je m'acclimate au rythme local, et j'aime ça (on verra combien de temps j'apprécie...)



Le panneau là devant, avec une poubelle, c'est l'arrêt de bus.



Je regrette de ne pas avoir pensé à m'acheter une bouteille d'eau à l'aéroport, surtout quand je sens l'élan d'inspirer pleinement et que du sable porté par le vent arrive dans ma gorge (ou mes narines ?).

Je discute un peu avec 3 jeunes filles qui attendent aussi, elles ont le guide du routard 2018 en mains, je me dits qu'elles sont mieux équipées que moi, mais apparemment non, elle galèrent avec les plans. Moi j'ai imprimé ceux de google maps :)


...25 minutes plus tard...


Au bout d'un moment je me lasse d'attendre, les filles sont peu loquaces, j'ai soif, j'ai faim et j'ai hâte de retrouver des repères, je veux me poser à mon hôtel pour ensuite aller pleinement découvrir la ville !! Puis j'ai chaud avec mes vêtements de nantaise...


Depuis la 11ème minute d'attente, le rythme local commence à m'agacer, je suis là depuis 25 minutes, sans savoir combien de temps ça va durer encore, c'est long, ça m'ennuie et je ne parviens pas à apprécier ce temps "calme".



Le Maroc semble être un pays intéressant pour s'exercer à se positionner, à s'affirmer, à avoir confiance en l'Univers (remplace ce mot par celui de ton choix : la vie, Dieu, etc).

Il y a là quelques exemples, j'ai su faire face aux chauffeurs, qui étaient vraiment lourds et insistants, je m'y étais préparée, et j'ai gardé confiance quand je ne voyais aucun arrêt de bus à l'horizon, et que le chauffeur de taxi (quelqu'un de confiance normalement) insistait en me disant qu'il n'y avait que le bus scolaire. Sur les 10 chauffeurs qui m'ont accostée, aucun ne m'a indiqué l'arrêt de bus. Quand ils comprenaient que mon non était ferme et clair ils m'ignoraient, tout simplement. J'avais beaucoup lu sur tout ça, et je m'y étais préparée.

Un peu ça va, mais durant les 15 jours ça m'a demandé beaucoup, beaucoup, beaucoup de positionnement, d'affirmation, de confiance, de lâcher prise, surtout le fait d'être seule et ne pas pouvoir me reposer sur quelqu'un d'autre par moments.



Là-bas les choses ne se déroulent JAMAIS comme on les prévoit.

Comme dans la vie, mais en beaucoup plus fort !!




Infos pratiques :

- le taux de change est moins intéressant à l'aéroport

- le bus n°16 est à 4 dh (environ 0,40€) et il passe toutes les 30 mn et dépose à Fès. Le taxi est bien plus cher, 150 dh (environ 15€) il me semble, et encore il faut le négocier pour l'avoir à ce prix...

- pour trouver le bus 16 : aller vers les taxis, traverser cette zone et survivre, puis aller vers la droite.

- 1 bus toutes les 30 mn, rythme modifié et aléatoire lors du Ramadan.

- quand on veut descendre du bus : taper très fort sur la paroi.



***




Etape 3 : Le bus et l'arrivée à Fès sur les fesses...


Quand on me demandera comment j'ai vécu mon arrivée à Fès, je pourrais répondre que j'en suis restée sur le cul. Par contre je me serais bien contentée de l'expression sans passer par l'action.


13h53 (heure locale, soit 15h53 heure française) le bus arrive !!!

Après avoir attendu à peine plus d'une heure.



J'ai soif, j'ai faim, j'ai chaud, mais je suis soulagée, il se passe enfin quelque chose !


J'ai pris 2 photos de ce bus car je l'ai trouvé assez rustique, dont le truc pour en descendre. Il n'a pas du apprécier d'être photographié car j'ai subi une cruelle vengeance par la suite...

En descendant j'ai fais attention à bien mettre mon sac à dos sur mes 2 épaules, à tenir le petit sac contre moi, et à glisser mon chapeau plié sous mon bras. J'avance, et je ne sais comment je me retrouve à faire une grosse chute bien forte sur le trottoir, et là impossible de me relever !


Moi qui voulait me faire discrète...


Une dame m'aide, le chauffeur arrive tout gentil et bienveillant, je me sens très gênée, surtout que je ne parviens pas à me relever ni à bouger ma jambe !!

Je n'ai pas mal, je veux juste me relever en fait et je n'y arrive pas.

Finalement je prends quelques secondes (minutes ?) et j'y arrive avec de l'aide, je reviens bien à moi même et je me ressaisie vite. Les 3 françaises avec qui j'avais discuté viennent vers moi et comme on va dans la même direction, en quête d'un petit taxi pour la médina, on décide de faire cette étape ensembles, toutes les 4.


Toutes les 4 : ça c'est important.

Et là où ça aurait pu bien se passer, les complications vont commencer...






En le photographiant j'ignorais tout de ses intentions... !



Selon mon point de vue tout a toujours un sens, et parfois plusieurs.

Je trouve cela très symbolique que mon premier pas en ville soit une chute genoux à terre !

J'y reviendrai plus tard.



***



Etape 4 : Les taxis, les complications et l’altercation dans la rue...


Je savais que de la gare de Fès à l'entrée de la médina la course était de 10/12 dh par personne.

Je ne savais pas que les petits taxis (les rouges) avaient la formelle interdiction de prendre plus de 3 personnes, contrairement aux grands taxis (les blancs) qui peuvent en entasser un max (5 ou 6).

Les grands taxis ne partent que lorsqu'ils sont remplis et le prix est plus élevé (prix du point A au point B à partager entre tous les voyageurs, même si on s'arrête avant la destination finale...)


Je m'étais préparée à être confiante et très claire sur le prix. Pas les filles.


Les différents chauffeurs viennent nous sauter dessus (littéralement) en nous proposant des prix avec un certain manque de clarté, et beaucoup d'empressement (ce qui rend la réflexion difficile) :

- 10

- par personne ? 10 euros ? 10 dirham ?

- Oui

- Oui à quoi ?

- 10 dirham

- Par personne ? Mhmh ok...

- Oui 100 pour les 4 !

- ...???!!


Ça va très vite, il y a beaucoup de mouvements et de bruits, le fait de parler en euros et en dirham, en même temps, ça embrouille et cela semble absolument volontaire ! Deux des filles étaient prêtes à monter dans ce taxi mais on choisit de prendre le temps de calculer : 100 dh ça fait 25 dh chacune, oui juste 2,5€ à peu près, ça semble peu cher, sauf qu'il s'agit du double du prix... !


Vous voyez les scènes de films avec des courtiers en bourse où ça crie dans tous les sens ? Ben c'est pareil, sauf que là on ne connaît pas toutes les règles et on est des "cibles".


On se sent dans un tourbillon, ça arrive de toute part. Personnellement je suis habituée à rester calme dans l'agitation. Plus les choses semblent compliquées et plus je me sens recentrée.

Au final un homme accepte de nous prendre dans le petit taxi, toutes les 4, à 15 dh chacune et on peut payer individuellement (ça tombe bien parce qu'avec le change fait à l'aéroport on a toutes des billets de 100 dh!!).

Cependant il se passe des choses étranges : on doit le payer maintenant, puis il file 100 dh à une femme qui fait la manche de façon ludique et joviale (elle fait la manche, ou pas ?...) puis il sort de la voiture avec des billets, revient avec d'autres billets, puis file à un mec un autre billet (ça sent la négociation, ça fait un peu je te donne ça et tu me laisses passer), puis enfin on va partir, il cale, il rigole et nous dit que c'est son premier jour.



Ça démarre, ça y est, enfin, on va arriver "à la maison".

Ah, soupir de soulagement, j'ai vraiment hâte d'arriver à l'auberge.



On fait 200 mètres et il nous dit "On est suivis, on est suivis par le grand taxi" ???!!

On est dans une film ou dans la réalité ?!

"Aidez-moi dites que c'est 30" ?????!!! Echange de regards interrogatifs avec les filles... Que se passe t'il ??! Pourquoi on s'arrête ?

Un grand taxi passe devant, lui coupe la route, se gare à l'arrache, le mec sort et lui crie dessus, lui sort aussi, un autre avec une carte arrive (un contrôleur apparemment), ça commence à crier fortement, d'autres arrivent...


Là je suis stupéfaite et intriguée, je regarde, je ne réagis pas vraiment. Je me sens calme et confiante, je sens, je sais qu'on est en sécurité et je reste concentrée sur mon objectif : je compte bien arriver à l'entrée de la médina pour 15 dh max, donc si on doit s'en aller je veux récupérer mon argent. Oui, je ne perds pas le nord.

Les filles s'inquiètent, il y en a a une qui propose qu'on s'en aille, mais on réagit "et l'argent ?!".


Finalement un policier arrive et nous demande de sortir de la voiture, mais de rester là. On ne comprend pas trop mais en l'espace de 5 minutes il y aura 28 hommes (j'ai compté !) autour de ce taxi en train de se crier dessus, se prendre par la main, le bras, l'épaule, faire des allers retours, certains se mettent presque à pleurer, on assiste à une spectacle surprenant !!

Ça ne me déplaît pas, dans le sens où les émotions sont extériorisées et c'est bien plus détendu du coup que lorsqu'il y a une tension retenue. De plus un mec vient nous rassurer à plusieurs reprises : ''ce n'est pas votre faute il n'avait pas le droit, prenez des chaises là -bas installez -vous en attendant''.


En attendant quoi ?!


Avec mon bras écorché qui saigne et mon genoux qui commence à me faire mal je m'impatiente un peu, mais je me sens sereine, je regarde, j'observe, j'essaie de comprendre, et surtout je me sens rassurée de ne pas être seule.


C'est agréable et reposant de vivre cette étape à plusieurs. Bien que si on avait été 3 et non 4, on aurait pas eu à vivre ce moment...


Le chauffeur nous rend nos sacs mais le policier l'arrête dans sa lancée (on est 2 sur 4 à avoir nos sacs), il rend 60 dh à une des filles (yeah nos sous !), il veut qu'on parte, le policier veut qu'on reste. Un mec cool nous explique qu'on attend la police pour le procès verbal et il faut des témoins.

Et là on comprend la question étrange qu'on a eu juste avant par le contrôleur "c'était combien ? 30 ou ..", on s'était questionnées du regard face à cette question qui nous rappelait "dites 30" mais on ne comprenait plus rien, et on avait choisi l'honnêteté en disant "15 dh chacune".


Ça chauffe et le chauffeur se fait méchamment réprimander, bruyamment, théâtralement !!


On occupe quasiment la moitié de la route, les gens continuent à approcher pour admirer le spectacle, donc on dépasse largement les 28 personnes de tout à l'heure.

Je me sens spectatrice.

Je me sens confiante et je vois comme les femmes sont traitées avec beaucoup de respect et de bienveillance (enfin, juste nous, 4 touristes dans cette situation, n'allons pas tirer de conclusions hâtives...), en tout cas je me suis sentie en sécurité tout le long de ce "spectacle".


Au final un chauffeur tente de nous récupérer (éh éh futé le gars !), les filles vont aller dans un taxi et moi dans un autre, ça me va très bien parce que je me sens franchement à l'aise avec la négociation, je sais être ferme, rester sur mon objectif et me montrer confiante et sûre de moi, contre toute attente !! Comme quoi m'être préparée n'était pas une mauvaise chose !

Donc il n'y aura plus de témoins et j'ignore comment cette histoire se finira...


Bien sûr je n'ai pas pris de photos, évidemment j'y ai pensé, mais je ne voyais pas comment faire ça discrètement !


Le fait que les émotions soient extériorisées peut surprendre et troubler, inquiéter, moi ça m'a profondément apaisée. Je ressens fortement les émotions environnantes, et quand elles sont refoulées ça me pèse car je ressens quelque chose sans savoir d'où ça vient. Là, tout était clair, et comme c'est verbalisé, ben ça ne dure pas, comme un enfant se laissant totalement traverser par une émotion, mais qui 5 minutes plus tard sera passé à autre chose. Je suis certaine que cette scène a fini par une invitation à boire un thé à la menthe tous ensemble le soir même, ou quelque chose de similaire.


Comment ça se passe pour toi ? Cette scène te fait penser à une histoire vécue ? Tu ressens quoi quand des personnes expriment leurs émotions sans la moindre censure ? Les tiennent tu les verbalises ? Tu les refoules ? Tu les exprimes en te laissant traverser publiquement et théâtralement ?Tu ne sais pas parce que tu n'es pas au courant que tu as des émotions ?

A la lecture de ce passage des souvenirs sont-ils remontés ? As-tu ressenti des émotions particulières ? Observe, juste observe...



Infos pratiques :

- de la gare de Fès à l'entrée de la médina la course était de 10/12 dh par personne, dans un petit taxi (rouge), exigez le compteur ou de fixer et payer le prix de la course avant.

- les petits taxis (les rouges) ont la formelle interdiction de prendre plus de 3 personnes, contrairement aux grands taxis (les blancs) qui peuvent en entasser un max (5 ou 6).

- Les grands taxis ne partent que lorsqu'ils sont remplis et le prix est plus élevé (prix du point A au point B à partager entre tous les voyageurs, même si on s'arrête avant la destination finale...), on peut prendre un grand taxi même si il n'est pas rempli, il suffit de payer plusieurs places.

- le code couleur des taxis change selon les villes du Maroc, oui c'est vraiment pratique ça !



***



Etape 5 : Mon taxi : je suis une parfaite négociatrice


Je demande le prix avant de monter, réponse "on verra après", une fois dedans je pose à nouveau ma question : il démarre, puis me dit 30 dh.

Je dis non, je précise que la course est à 10 ou 12 dh et je demande si il a le compteur. Avec le compteur le tarif de la course est calculé au fur et à mesure, beaucoup de taxis ne mettent pas le compteur pour les touristes, et ils triplent le prix, voire plus.

Il me dit que le compteur est cassé, que c'est le prix, qu'il fait ça tout le temps et que tout le monde fait ce prix. Il affirme cela avec beaucoup de confiance et d'insistance ! Alors je regonfle ma confiance et je m'affirme (à nouveau !) : "12 dh OU le compteur OU je descends" (toujours aimable, souriante et détendue, confiante), il continue et me baratine alors je rétorque sûre de moi "non, je descends, non, je m'arrête là ça ne m'intéresse pas".


Il s'avoue vaincu et s'arrête, puis m'oriente (avec INSISTANCE) vers un autre.

Ok, je m'en fiche, je l'aurai bien un jour mon taxi à 12 dh !


Directement je demande le prix ou le compteur, il met le compteur.

Bon par contre il n'y pas de ceinture, on ne peut pas tout avoir peut- être ahah !

Au final ça me coûtera 9 dh !!!



D'accord cela n'est qu'un détail, mais j'ai économisé un an pour ces vacances, mon budget est précis, je n'ai pas envie de me faire avoir de 20dh ici et là pour la seule raison que je suis une touriste. Je prends cela comme une occasion d'apprendre à m'affirmer un peu plus. Je le vis sereinement, avec détente. Pour le moment...

Viendra un temps où le lâcher prise sera plus appréciable que l'affirmation de soi...



Il me reste moins de 10 mn à pieds pour arriver à l'auberge.

Là aussi c'était pratique d'avoir mon plan de google maps d'imprimé, le chauffeur ne parlait pas trop français et j'ignorais où il pouvait s'arrêter, je lui ai montré sur ma carte ma destination entourée. J'ai imprimé en petit format un plan de google maps pour chaque ville/médina où j'allais, en entourant mon auberge ou airbnb. En cas de problème d'orientation, de réseau, de batterie, de communication... ben j'ai mes plans !



Les ruelles plus calmes de la médina




Le positionnement, et l'affirmation de soi : quand on a pas l'habitude c'est coûteux en énergie de le faire aussi souvent, en ayant des personnes sûres d'elles en face de nous.

Bon je pense que c'est fatiguant pour pas mal de monde, vus tous les récits de touristes que j'ai lu avant mon départ ! En tout cas j'ai choisi de prendre cela comme un exercice, et depuis mon voyage je m'affirme plus facilement, et bien plus rapidement !!



***



Etape 6 : L'arrivée à la médina (et à l'auberge)


Le chemin n'est pas bien compliqué, mais traverser la médina semble être l'aventure, malheureusement j'ai faim, j'ai soif, je me sens fatiguée, j'ai de plus en plus mal et je veux juste vite arriver. Tout va très bien se passer.

Comme je marche avec un sac à dos et une carte on m'arrête régulièrement pour me proposer de l'aide, j'apprécie mais je finis par ranger ma carte parce que je vais aller tout droit un bon moment et j'ai vraiment pas envie de m'arrêter chaque seconde...


Même sans carte ça ne change rien, cette fois-ci ils veulent tous que je vienne les voir, avec la même insistance et expression de joie qu'un enfant qui a fait un super beau dessin pour sa maman, donc je leur dis à chacun très gentiment que leur proposition est sympathique mais que j'arrive juste, je reviens tout à l'heure.


J'ai dit ça à plus de 15 mecs en 7 minutes de marche...


Je n'ai pas fait de photos sur le chemin, étant fréquemment arrêtée et me sentant bousculée dans cette foule. Ambiance métro parisien à l'heure de pointe : bien trop de monde pour si peu de place.

L'auberge est bien indiquée, j'arrive, j'achète une bouteille d'eau (enfin pas vraiment puisqu'il me la donne et quand je veux la payer il me dit "on verra plus tard") et enfin à 15h20 je me pose dans ma chambre.


Il aura fallu 3h entre l’atterrissage de l'avion et ce moment.


J'apprécie d'avoir une chambre solo, je m'installe, j'enlève mon pantalon et découvre que mon genoux ouvert a commencé sa cicatrisation avec le tissus de mon pantalon.


Ça fait mal.



Arrivée entière ! Ou presque...



J'apprécie de prendre une douche.

J'apprécie mes pansements et mon baume pour les coups.

Je regrette mon cicatrisant à base de sève d'arbre ("sang du dragon") que j'ai retiré hier soir de mon sac le pensant inutile.

J'apprécie le silence et le calme.


A l'accueil le mec me donne un plan de la médina (ça existe ?!) et le code du wifi.

J'APPRÉCIE grandement !!


Ma chambre solo à la Médina Social Club.



Infos pratiques :

- j'ai séjourné à l'hôtel Médina Social Club et je le recommande.

Au Maroc j'ai l'impression qu'il n'y a pas de différence entre hôtel / auberge / airbnb, etc...

- 37€ la nuit en chambre double pour moi seule (taxes comprise, petit déjeuner impressionnant compris aussi) - le prix peut sembler élevé, ma priorité était le confort et le bien être pour ces vacances.

- C'est beau, spacieux, une terrasse sublime sur les toits, le personnel est doux et accueillant, des repas mhmhmh.... j'ai attendu la fin de mon séjour pour y manger, la prochaine fois je mangerai plus souvent sur place !!! Il y a aussi des ateliers proposés, des concerts, etc...

Voilà mon code parrainage booking, je ne sais pas ce que ça apporte, sans doute des réductions : https://join.booking.com/r/d/434c023c?lang=fr&p=4



***



Etape 7 : 1ère sortie : le jeu de la médina


1h après mon arrivée, ma douche et mon installation, mon corps s'exprime : j'ai faim !! Je n'ai pas mangé depuis 7h et j'ai bien envie d'un tajine poulet citron confit et olives, alors je décide de sortir le chercher, et aussi de trouver un endroit pour changer d'autres euros en dirham.


Le chemin sera difficile, déjà je ne vais pas vite, mais en plus je suis arrêtée à chacun de mes petits pas... C'est intéressant de découvrir cette culture, mais elle est très éloignée de ma façon de vivre !! J'aime être discrète, voir invisible quand je suis seule et à l'extérieur. J'aime juste observer.

Dans les magasins en France ça m'énerve quand on vient me demander si j'ai besoin de quelque chose. Ici il me sera impossible d'être discrète, et invisible encore moins (ou alors pas par choix, voir chapitre 11,12 et 13), j'ai l'impression de me promener avec une énorme pancarte clignotante qui dit "VENEZ ME PARLER" !!!


Je vais doucement, je regarde sans m'arrêter et en évitant de croiser les regards, je me prends au jeu, mais je ne lâche pas mon objectif, je vois comment m'adapter tout en passant un moment agréable. Et mince, hop, une demi seconde d'inattention, regard croisé, on me dit bonjour avec un grand sourire, je réponds, on me demande d'où je viens, si je vais bien, si je peux venir, juste entrer 1 minute, juste 1 minute, au moins venir boire un thé... je reste souriante, amusée, et je réponds gentiment que j'arrive juste et que je repasserai plus tard.

Ce n'est pas dérangeant en soi, mais je ne parviens pas à avancer, je suis comme une star avec des fans tout le long du chemin, mais je n'ai pas de garde du corps.


Une seconde après je me fais arrêter à nouveau, je tente une autre approche :


(blablabla)

- Ah désolée là je suis attendue

- Et moi ça fait longtemps que je t'attends !

- Ah bon ?

- Oui ça fait 30 ans !

- Oh c'est mon âge !!


Ahah !! Je me prends bien au jeu et je trouve ça amusant, c'est comme si le but était pour eux de me vendre des choses, et pour moi d'acheter ce dont j'ai envie, quand j'en ai envie, au prix que j'estime juste. Et ben ça change de la France tout ça !!


Au bout de 10 pas, soit 10 minutes de marche lente, soit 10 rencontres : ça me fatigue.

Je ne veux plus jouer, je veux une cape d'invisibilité.


Je suis claquée, j'ai faim, et il est difficile de m'arrêter sans avoir l'impression qu'on me saute dessus de partout, je n'arrive pas à réfléchir, à prendre de décision, je me sens perdue, et à l'approche du 1er repas de la journée (Ramadan) les gens sont nombreux, pressés, je me sens bousculée, hop un âne qui passe, un bébé chat par là, un scooter, un mec avec un plateau énorme de pâtisseries, je me retourne et des poissons éventrés pendent avec des mouches, de l'autre côté des pieds d'animaux morts (ça va vite pas facile de distinguer), des sacs en cuir, des épices, des morceaux de viande énormes qui se laissent tripoter, et je marche comme je peux et j'en vois pas la fin, puis le soleil vient m'aveugler et ça complique tout, je veux sortir de là au plus vite !!

A peine sorti on vient me proposer de l'aide pour m'accompagner... pitié qu'on me vende juste une cape d'invisibilité !!!






Des ruelles paisibles avant le tourbillon de la médina... un agréable silence ! 




Bilan de cette première immersion dans la médina :

Négatif : épuisant, écoeurement du au mélange d'odeurs (dont rance, fruits pourris), manque d'espace.

Positif : intéressant, odeurs enivrantes, atmosphère unique, sensation d'un jeu : ludique !


Mais j'ai encore faim et mes euros ne se sont pas transformés en dirham.


Infos pratiques :

- plusieurs lieux acceptent le paiement en euros, au risque de payer un peu plus cher.

- dans la médina cachez tout ce qui fait de vous un(e) touriste, prenez cette expérience comme un jeu, montrez vous sûr de vous, avancez d'un pas ferme, comme si vous connaissiez la médina depuis votre plus tendre enfance. Et avec tous ces conseils, peut-être que vous serez tranquille. Sinon, vivez l'expérience d'une star harcelée par les paparazzis et les fans !




***


Etape 8 : pré-repas


Trop éprouvée par cette immersion, et la douleur de la chute je lâche l'idée de trouver le resto parfait pour manger mon tajine poulet, citron confit et olives, je prendrai le temps demain, là j'ai vraiment trop faim. Je me décide donc à retourner là-dedans (médina) pour me prendre des tomates et des galettes ou pains ou crêpes (les trucs ronds de différentes sortes).

Finalement je vais acheter 500g de fraises (pour 0,60 cts environs !!!) et 2 trucs ronds (je ne sais pas le nom), dont j'ignorais si c'était salé ou sucré, il s'avère que c'est ni l'un ni l'autre : c'est huilé !! 2 c'était audacieux pour une petite faim, 3 bouchées et je suis calée !!



Ce sera finalement mon repas du lendemain midi ! Et à ce rythme ça risque de me faire tous les repas de mon séjour...




***



Etape 9 : Change et invitation à déjeuner


Je me perds dans la médina et je finis par en sortir à nouveau (alléluia !!), puis plus loin je fais le change, je marche sans savoir où je vais, en tout cas je ne suis plus au coeur de la médina, je vois le ciel, je sens l'air, j'ai de l'espace.

Puis un mec sympa me parle plusieurs fois, et il me rejoint sur mon chemin, il semble heureux que je sois française et me dit qu'il a de la famille à Nice et Paris, il me demande si je suis venue seule – oui – surpris que je sois là sans ma famille il me propose de venir déjeuner avec sa famille demain (il fait pas Ramadan ?), je refuse poliment en lui disant que je suis attendue.

Décidément ils sont utiles ces amis imaginaires qui m'attendent !!


Ça aurait pu être sympa mais c'est trop pour moi, j'ai besoin que le contact se fasse de façon progressive et bien que j'apprécie cette culture et ce sens de l'accueil, ce n'est pas ma culture et je prends soin de me respecter. Ce voyage est déjà bien assez riche d'aventures et de rencontres et je viens surtout pour vivre des vacances reposantes. Une sortie de zone de confort par jour suffit et là j'en suis à une quinzaine.


Précision : je ne me sens en aucun cas en insécurité ou harcelée ou agressée, à aucun moment. Je sens au contraire beaucoup de jeu, énormément de bienveillance et de respect. Les sentiments semblent davantage extériorisés et ça surprend au départ. Je précise ça car j'avais lu et entendu beaucoup de choses "en tant que femme seule au Maroc", et je pense que l'attitude intérieure et la préparation y sont pour beaucoup.


Se respecter soi est une façon de respecter l’autre. 


Poser un non, une limite, permet de d'offrir un vrai oui quand ce sera juste pour vous. 

J'aurai une autre invitation à manger, à laquelle je répondrai oui sans hésiter, car à ce moment-là ce sera juste pour moi, et je le ferai en suivant mon envie.


Un nouvel ami,... qui aurait bien voulu se faire inviter à déjeuner !




***



Etape 10 : Le thé à la menthe... façon tajine !


Avançant de façon hasardeuse dans des ruelles plus spacieuses que celles de la médina je retrouve cette pancarte déjà vue "Chez Hakim", j'ai de l'espace, je m'arrête 2 secondes et personne ne me saute dessus alors je prends le temps de regarder la carte. Le serveur sort, il est sympa, pas oppressant ni insistant, il trouve la carte en français pour que je regarde, je lui dis que je repère pour demain parce que là je n'ai plus très faim, il m'aide à le localiser sur mon plan et entoure la rue où il se trouve (mon plan google maps est plus précis que celui donné à l'hôtel, ahah comme quoi c'était une riche idée !!!).


Je vois "tajine citron confit olives poulet" sur la carte, je bave, il me propose de prendre une boisson si je n'ai pas très faim, j'accepte !


Il me propose une multitude de lieux différents où m'installer : terrasse, rez -de -chaussé, 1er étage (intérieur ou terrasse à gauche n°1 ou n°2 ou terrasse à droite) etc... je ne sais plus où je suis et je m'arrête à la 1ère terrasse, je constate que je ne peux pas plier ma jambe gauche, pour les marches ce n'est pas simple... !


Il me laisse avec la carte devant les yeux, je bave, il répond à mes questions, il est si gentil et souriant...

Finalement j'ai pris un thé à la menthe... ET un petit tajine poulet citron confit et olives !!!

Le tout pour l'équivalent de 3,5 euros ! Et avant l'arrivée du plat j'ai plein de pain (excellent) avec des olives divines. D'ailleurs celles qui sont dans ce tajine sont exceptionnelles, jamais je n'ai autant savouré une olive !

Mhmhmh... ces saveurs sont succulentes et parviennent à satisfaire mon palais exigeant !

Je prends la carte, je reviendrai peut être la veille de mon départ (pour de nouvelles surprises...).





Comme quoi, il n'y avait qu'à demander, j'avais très envie de ce tajine là et ce fut mon premier plat au Maroc ! Je voulais aussi des fraises et des trucs ronds (sortes de crêpes) ben j'ai tout eu !


Le lâcher prise on en parle ?

Dans le processus de réalisation des rêves, il y a (peu importe l'ordre) :

- l'envie : "tajine poulet citron confit et olives"

- la vibration : je frémis d'avance à l'idée de ce tajine mhmhmmm...

- la visualisation : ... (je l'ai fait en y ajoutant la vue, l'odorat, la sensation en bouche,...)

- le lâcher prise : aujourd'hui, demain, ou l'année prochaine, peu m'importe !

- la confiance / certitude : j'en mangerai un, je le sais, c'est évident

- l'instant présent : j'ai vraiment trop faim, je vais prendre ces fraises là et un truc rond, puis rentrer à l'auberge.

- le "hasard" (la réponse de l'univers (où tout est énergie) à notre demande / désir, émis par vibration et passant ces étapes) : tient, et si je passais par là ? Tient, et si je regardais la carte ? Et si je prenais un thé ?... Et... UN TAJINE POULET CITRON CONFIT OLIVES !!!!!!!


Plus votre envie / demande est précise et plus vous avez de chance d’être satisfait ! Je vous parlerai peut être de mon envie de massage de fin de mon séjour, qui fut plus traumatisant que relaxant… 


Ce genre de coïncidences a dû vous arriver quelques fois pour des "petites choses sans importance", le processus est le même pour trouver un travail, un homme, une femme, de l'argent, etc…


Je vous présente là une version extrêmement synthétique du processus, pour plus de détails et d’exemples concrets il y a mes vidéos sur Youtube et également des podcast sur Soundcoud. (les chaînes sont à mon nom : Lise Billon) Vous pouvez poser toutes vos questions et cas concrets, je prendrai le temps d’y répondre !!

Et pour un accompagnement individuel il y a les séances de coaching que je propose ! C’était une petite page de pub improvisée !



***



Etape 11 : Fin de journée


Je rentre du resto, j'ai l'impression de m'être trompée de chemin tellement c'est calme, les gens mangent ou s'apprêtent à manger, les "vitrines" de la médina sont presque toutes fermées, les chats errants réclament aussi leurs repas, et moi j'ai de plus en plus sommeil et mal au genoux !

Je veux rentrer et dormir.

Tout le long du chemin les gens me proposent de venir manger, dans les resto ou directement avec eux !


La médina déserte, pas même un chat... ah si il y en a 2 !! 



Une fois arrivée je prends le temps de me poser, d'admirer la vue depuis la terrasse sur le toit, et petit à petit je me décide à rendre ce voyage encore plus ''posé'' que prévu.

Cet atterrissage brutal sur le sol de Fès (sur les fesses !!) vient me dire quelque chose, m'invite à ralentir, je me décide donc à l'écouter.


Les bleus et les courbatures apparaissent, mon genoux est en feu et saigne encore, je ne peux plus plier la jambe, ni m'appuyer sur mon bras, et si demain au lieu d'aller à Meknès je savourais du thé à la menthe sur la terrasse ?


J'ai des fraises, des sortes de crêpes, des livres, de la crème solaire, l'envie d'écrire et un chapeau.

Plus qu'un voyage il s'agit de vacances, mon corps m'invite à ralentir, mon esprit apprécie, demain je ne fais rien.


Enfin...



Ça y est ! Je suis dans un état de présence, d’écoute et de lâcher prise ! Alléluia !!

Je ne cherche pas le tajine, je lâche prise et il me trouve. Je ne cherche pas à comprendre le pourquoi de ma chute, je lâche prise et le «qu’est-ce que cette chute me permet» arrive à moi !

F-A-N-T-A-S-T-I-Q-U-E 

Espérons que tout ceci ne disparaisse pas dans la nuit…


Et quand bien même, ce n’est pas grave, la vie m’offrira d’autres façons d’expérimenter !


Ma chambre





A suivre...






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