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  • Photo du rédacteurLise Billon

"Une femme seule au Maroc" (Chap.3)

Chapitre 3 : Le looonnnnnnng chemin vers le lâcher prise !


Résumé : quand on pense être puni alors que la Vie nous comble de cadeaux (contraste entre désirs et peurs), comparaison aux autres, culpabilité, déni des émotions, mettre l'ombre en lumière, accepter ses limites, et enfin : lâcher prise.


***



8 juin : Etape 1 : La nuit, le réveil.


Avant de me coucher mon genoux était brûlant et devenait bleu très foncé. J'avais mal à l'intérieur. J'avais beau relativiser j'avais de plus en plus de difficultés à marcher, et à force de m'appuyer sur l'autre jambe ben j'avais mal aux deux !


La chambre était bien fraîche, et le froid m'a réveillée à plusieurs reprises, ainsi que la douleur.

Je me suis fait un soin énergétique dans la nuit ça m'a fait un bien fou, en 10 minutes mon genoux a cessé d'être brûlant, l'énergie circulait à nouveau et je parvenais à plier ma jambe.

J'ai refait pareil ce matin, et je vais continuer, et me reposer.



Avant mon départ j'avais dit et répété que je vivrais ce voyage comme des vacances, que je n'ai pas la moindre pression envers moi ni la moindre attente et que même si me prend l'envie de rester dans mon hôtel sans en sortir ben je le ferais !

Mon envie était : donner libre court à mes envies, et expérimenter de ne rien faire, savourer cela.



Clairement, j'étais pleine d'attentes et de pression, et j'étais trop dans la "performance" d'un "voyage réussi" pour être à l'écoute de moi même, la vie m'a ramenée dans mon corps et m'a offert l'occasion de vivre cette première journée sans rien faire.


Regarde ce que tu reçois tu verras ce que tu as demandé !



Les beaux couloirs...



***



Etape 2 : Délice de petit déjeuner, seule.


Précision : avant mon départ on m'a dit de nombreuses fois "tu vas faire plein de rencontres" et je râlais en entendant ça ! ''Non ! Je n'ai pas envie ! Je rencontre déjà facilement des gens, et tout le temps, j'aime bien la solitude aussi, là je veux des vacances reposantes, et non "voyager pour rencontrer des gens", ma vie quotidienne est déjà un voyage continu plein de rencontres !''


Là encore il y a opposition et confrontation entre l'image que j'ai du voyage (voyager, aller à la rencontre des autres, découvrir, rencontrer, se laisser porter par le mouvement...) et mes envies (vacances, reposantes, sans parler, juste observer, en silence, vivre le quotidien différemment).


Finalement, après mes aventures incroyables d'hier et cette nuit éprouvante, j'ai envie de rencontrer des gens et de discuter. Alors je descends pour le petit déjeuner les mains dans les poches, pas de téléphone, de livre, rien, rien que moi !


Je garde le regard ouvert et cherche l'échange... mais bon... déjà personne ne parle français, et les personnes qui sont seules ont des écouteurs sur les oreilles.


Une fois de plus la vie répond à ma demande. Ma vraie demande...



Le petit déj' est juste ouf, je mange, je mange, je mange et ça ne diminue pas dans mon assiette !! N'ayant pas pris mon téléphone (et pas envie de faire un autre aller retour dans les escaliers) je n'ai pas de photo de ce merveilleux petit déjeuner.

Demain je le prends en photo !


Alors je suis là, en silence, en observant autour de moi, en humant, en dégustant les saveurs sur ma langue et mon palais, en tentant de déplier ma jambe pour un meilleur confort, en écoutant le bruit de l'eau de la petite fontaine à ma gauche, et l'accent des américains à la table au fond, je baigne mes yeux dans les multiples couleurs qui m'entourent, je les lève et je vois le ciel, si bleu.

Je mange, je déguste, je savoure, je prends le temps.

Finalement ce petit déjeuner est un peu méditatif, très agréable, ressourçant, et apaisant. Bien mieux que si j'avais parlé !! Je me recentre et ça me fait du bien.


Je me sens invisible, c'est en contraste total avec ma traversée de la médina ! C'est reposant.



Je me nourris pleinement de ce que je vis là.

Sur le moment je ne réalise rien de tout cela, j'ai une folle envie de raconter mes aventures et de questionner les autres voyageurs, et je vis ce petit déjeuner silencieux comme un échec, comme une punition, et en plus je n'ai même pas mon téléphone, je suis seule avec moi !


Parfois on vit comme une punition le plus beau des cadeaux...


Le temps fait son travail et à présent mon regard a changé, je réalise que la Vie n'a cessé de m'offrir, constamment, ce qu'il y avait de mieux pour moi, ce qui répondait à mes aspirations profondes, à mes désirs véritables.



Ce que je raconte là t’évoque un souvenir ?

Un moment de la vie où tu n’a pas aimé ce que tu as reçu (une rupture, un licenciement, un train raté, un bus en retard, …).

Maintenant regarde le cadeau que tu as reçu grâce à cet événement ‘’désagréable’’.

Regarde le souvenir à nouveau et offre lui un nouveau regard. Un merci ?


Remontée vers ma chambre...




***



Etape 3 : Accepter le nouveau chemin


J'avais très envie d'aller me promener à Meknès, ben clairement ce sera pour une autre fois.


Correction : j'avais décidé d'aller à Meknès pour la journée, je suis frustrée et déçue. Je refuse de regarder ça en face, je vais donc me forcer à voir l'aspect positif... sans avoir écouter la part de moi très triste qui se sent abandonnée par la vie.






Je me sens fatiguée et bien vite (vers 10h30) je pars m'installer sur la terrasse, je me branche sur internet, j'échange sur Facebook et Whatsapp (ah quel bien !), j'écris ma journée d'hier et celle-ci, jusque 15h, je prends le soleil, je mange mes galettes d'hier avec mes fraises.

J'échange des sourires avec les gens.








Vue du côté gauche de la terrasse sur le toit.


Voilà ce que j'ai fait pendant près de 5h : mini short, ordi, bouteille d'eau, fraises, galettes, pieds sur une chaise,... sans oublier... culpabilité et jugements intérieurs !


Après ça l'envie de faire pipi m'a délogée !



.


En fait je n'ai pas à culpabiliser de juste rester ici sur le toit alors que je suis dans un nouveau pays, puisqu'ils sont nombreux à rester aussi sur ce toit (oui je tente de me convaincre en me justifiant...), et concernant la tenue, aujourd'hui j'assume mon mini short, mais seulement sur la terrasse et parce que les filles sont en mini bikini ultra petits.

Je me sens prude dans ce pays, je cherche tellement à être la plus discrète et respectueuse possible que j'ai passé la journée d'hier à transpirer sous mon gilet !


Comme on peut facilement le constater je parviens à accepter (et me pardonner ?) ma façon de vivre, grâce à la comparaison aux autres.

Je reste sur le toit : c'est ok parce que eux aussi ils le font.

J'ai un mini short : c'est ok parce que les filles ont en un plus court !


En faisant cela je dépends de l'extérieur, je ne m'assume pas, je me juge.


Et vive les vacances ! (ironie)


.


Sans ce genoux blessé je serais allée à Meknès, puis ensuite j'aurais continué à faire plein de choses, à faire tout un tas de choses, à faire un maximum de choses.

Je voulais des vacances reposantes et proches de ma zone de confort quand même, et bien j'aime être sur cette terrasse, à manger des choses différentes, à sentir l'odeur de ce pays, à me faire caresser par sa chaleur, j'aime être là à écrire pendant un temps indéfini (reste 16min de batterie donc je vais faire une pause), avec mon débardeur troué qui m'a servi de pyjama, pas vraiment coiffée, pieds nus.

Depuis le temps que je tente d'expérimenter de ne rien faire, il a fallu que je vienne au Maroc pour ça, et que j'en tombe sur le cul (ou plutôt le genoux en premier) pour pleinement y arriver.

Juste faire ce dont j'ai envie.

Juste essayer de ne rien attendre de moi, de ne rien faire.

(En fait je tente de me convaincre et d'y croire, mais il y a beaucoup de culpabilité en moi à ce moment là, je ne me lâcherai vraiment la grappe que 2 jours plus tard, ahlalala !!!)


J'écrivais tout ceci en me rendant compte du sous texte : de la culpabilité, de l'incompréhension face à cette situation, de la tristesse de me sentir limitée physiquement, de la sensation de punition... Il aurait été riche de regarder et laisser s'exprimer mes émotions réelles : ma tristesse, mon désarroi, ... de les laisser sortir, de les sentir me traverser pleinement, et ensuite j'aurai pu recevoir le cadeau, apercevoir la lumière derrière l'ombre.

Sur le moment je faisais au mieux avec ce qui était en mon pouvoir : je m'obstinais à repousser l'ombre, je m'obstinais à regarder le positif sans avoir écouté les pleurs en moi. Clairement : cette méthode ne fonctionne pas bien longtemps...


Mettre l'ombre en lumière.

Dans cette situation, la négation de mes émotions (gardées dans l'ombre) m'empêche d'accéder à leur libération (transformation en lumière).


.


En parlant de lumière... :



Pas mal la vue du toit ?! Sans culpabilité on apprécie d'autant plus !

(Je l'ai expérimenté à la fin de mon voyage, ici même !)



.


Après demain je pars à Akchour voir les sublimes cascades, je serai chez une famille Coréenne qui ne parle pas français. Encore du repos et peu d'échanges.


Ou pas ! Faire des suppositions ce n'est pas toujours concluant, mieux vaut s'ouvrir aux surprises de la vie !


Finalement le voyage c'est pour ouvrir d'autres horizons, changer les habitudes, alors c'est logique que je glande sur une terrasse et que je rencontre moins de monde. Ah ! (frustration bonjour)

(Ouais je tente encore de me convaincre).

Etant "organisée" plein de gens m'ont mise en garde, comme si j'allais être rigide, fixe ou je ne sais quoi encore. Cependant je me connais, mon organisation me permet de me sentir apaisée, ça me structure mais rien n'est rigide ou figé.


Je n'assumais pas cet aspect ("très organisée") de ma personnalité, me jugeant rigide, fermée,... donc l'extérieur m'a renvoyé à mes croyances ! Et je m'obstinais à tenter de convaincre les gens, au lieu de juste m'assumer, tout simplement, me convaincre moi, que je suis parfaite ainsi. Depuis que c'est le cas, étrangement l'extérieur ne m'embête plus avec cela !! Essaye, tu verras ;)


Je laisse la vie m'amener où il faut, quand il faut, au rythme qu'il faut. Tout est parfait.

Ces vacances me plaisent bien depuis que je suis blessée.

Tout est parfait. Ecrire et boire du thé !


Je doutais fortement, mais, avec autant de force je sentais en moi ces quelques phrases là. J'ai fini par leur donner autant d'importance, et ma journée a pu prendre un nouveau tournant !



***



Etape 4 : Depuis le transat, libération des refoulements puis éclaircie !


Le ciel. Inspirant ?



Je viens d'écrire la journée 2 (aujourd'hui), depuis le transat, sur mon tel, mais tout a disparu !!

Et c'est ok.


Ah ce moment là je prends cette disparition subite comme un signe. Je souffle, je râle, je laisse monter mon ras-le-bol refoulé. Puis je pose tout : émotionnellement, physiquement.

Je regarde le ciel, je ressens mon corps sur le transat, je regarde mes émotions avec tendresse...

JE M'ACCUEILLE.

Je m'écoute.

Ce relâchement d'émotions refoulées me permet un calme et un silence intérieur, et là, tout est évident, et calme.


Ce cadeau-ci j'ai su le recevoir.



Je cherchais beaucoup à me justifier, je me sentais en colère sans me l'avouer, j'étais assez perdue entre ce que je voulais réellement vivre pendant ces 15 jours, ce que je pensais devoir vivre, ce que je "devais" vivre pour rentabiliser mon voyage, bref, un gros bordel en moi !


Et j'étais dans un mélange d'acceptation et de questionnements vis à vis de mon genoux.



Pourquoi ? Que cherche t'il à me dire ? Qu'est ce que j'ai fait de travers ? J'arrive tout juste !!



J'avais beau être sereine et confiante (dans mon coeur), car je sais que tout à toujours un sens, ben je m'inquiétais un peu de la suite. Ou plutôt du présent, de la douleur, de ma nuit dernière sans repos, de ma difficulté à marcher qui ne s'améliore pas, bien au contraire...


Un lâcher prise difficile, beaucoup de pression intérieure.




Mot de passe pour regarder la vidéo : secret





***




Etape 5 : Sortir pour mes besoins vitaux : soin, nourriture et eau.


Il commence à être tard, je n'ai mangé que des fraises et les mesmens (je ne sais pas encore écrire ce mot, ce sont les crêpes épaisses achetées la veille) depuis le petit déj, ma bouteille d'eau est vide et je veux trouver un herboriste !


Cette photo respire la joie de vivre et le dynamisme !





Au ralenti et en retenant mes larmes de douleur je parviens à sortir.

En vrai j'en parle avec du recul mais j'ai vraiment très très très mal.


Plein de chatons partout, nourris par tout le monde !




Je vous zappe le fait que 50 personnes me sautent dessus à peine sortie : "Taxi ? Restaurant ? Manger ?...", tous veulent m'accompagner quelque part, c'est très aimable, mais non merci.

Très vite je vois un panneau "herboriste", je suis sa direction, quelqu'un veut m'y amener, je remercie en déclinant poliment mais il me suit (c'est pour dire qu'il m'a amenée et avoir sa commission sur la vente... je suppose), il me fait entrer alors que le mec allait fermer. Le vendeur enlève sa veste et change d'avis (l'appel du client, l'appel du dirham !! Un client qui entre est un client qui achète). Je me sens bloquée, prise au piège, je voulais d'abord regarder, prendre le temps, c'est pas trop possible ici, si tu entres tu sors avec moins d'argent, obligé.


Le Maroc est un pays très intéressant pour travailler son positionnement, sa capacité à dire non.

Là, clairement, je ne sentais la force pour cela. J'avais mal, j'ai choisi d'accepter mes limites, de lâcher prise, et je lui ai demandé conseil.


Il ne me semble pas trop maîtriser les connaissances en matière de soins naturels, mais il y met beaucoup de conviction et tente le coup ! Il me vend de l'huile de nigelle, à consommer direct (3 cuillères à soupe pas jour).

Ça ne correspond pas à mon besoin, mais je ne sais pas ce qui me prend et je le crois, alors que je vois bien les indications sur la boîte (qu'il me montre avec insistance) et ce n'est pas ce dont j'ai besoin, je ne comprends pas ce qui me prend, un excès de lâcher prise ??!!


Ou une intuition ? Il s'avère que mon corps avait besoin de cette huile, qui m'a aussi bien servie à la fin de mon voyage.



Maintenant : le prix !


- Combien ? - 150dh mais pour toi allez comme tu as besoin 130dh. Je la veux à 80dh.

Je négocie et au final j'ai peur de l'arnaquer (ahahah quelle novice !!), puis j'en ai vraiment besoin, je plie à 100dh.

J'apprendrais 30min plus tard que cette huile dans cette quantité ça vaut grand max 30dh.

J'ai payé 10€ une huile pas forcément adaptée et qui vaut 3€. Ça fait mal au cul. Du moment que ça soigne le genoux...


Quand je le paye il me demande qui m'a amenée ici, je lui réponds "moi même", tant pis pour la commission du gars, je suis vraiment venue par moi même !!



A peine sortie, avec l'impression d'avoir fait une affaire et d'avoir négociée comme une pro, mais en ayant les boules d'avoir payé 10€ un petit flacon dont je ne suis pas convaincue des effets, je me dirige au hasard des rues de la médina vers un resto.

Je compte me la jouer tranquille : je flâne, je regarde et éventuellement j'entre, ahahaha, ben non ici on est au Maroc ! On veut me faire entrer partout ! Mon besoin de liberté me donne envie de jeûner !! J'ai déjà de l'eau je peux très bien m'arrêter là.

** Il peut être difficile de savoir quels choix viennent de nous même, il y a tellement de propositions de partout, j'ai l'impression que quelqu'un me saute dessus à chaque respiration, je ne parviens plus à écouter mon intuition, ni même mes pensées, j'oppresse, j'ai besoin d'espace.

Chaque pays à sa couleur, sa façon de fonctionner.

A ce moment là je sens que le Maroc, il ne vibre pas comme moi.

J'ai besoin d'espace.

J'aime le contact avec les autres, mais doucement, à mon rythme.

Je me sens comme un chat qui voit une main d'enfant s'avancer de lui bien trop vite !!

**


Finalement un mec va m'accompagner, je lui dit non, il me dit "pas di problème, c'est pas pour l'argent, moi pas guide, juste je t'accompagne, gratuit", bon ok...

Donc je marche et il marche avec moi, en France on dirait "il me suit" et ça provoquerait de l'inquiétude et de la gêne, voire de la peur, mais là ça semble normal et je ne me sens franchement pas en insécurité, d'ailleurs je lui parle de ça "C'est vrai que c'est dangereux la médina le soir ?", il me dit que là avec le Ramadan ça va, mais sinon oui c'est dangereux, comme partout il y a des gens biens et des gens mal intentionnés...

Il me pose plein de questions et je réponds, il me dit connaître un resto, je le suis et j'arrive à un resto à côté de chez l'herboriste !! On vient de faire une boucle et je me dis qu'il veut sûrement m'amener à ce resto pour se faire une commission, et non ce resto ne m'attire pas, donc je lui dis que je n'ai pas envie de manger là et je repars, il veut m'accompagner à un autre ! Je lui dis que j'ai plus beaucoup d'argent sur moi.

Pas di problème il va me trouver un endroit dans mes prix. On discute et on marche, doucement.

Finalement on va arriver à un resto, où je vais monter des escaliers, et encore, et encore, et encore, ils ont beaucoup d'étages ces restos... !!


La vue, en haut, sur la terrasse. Toi aussi tu entends le silence ? Mhmmm....



J'ai la terrasse juste pour moi, et Mohammed, qui est toujours là.

Le serveur vient avec la carte.


J'étais sortie avec 150dh, pensant que ça suffirait pour me soigner et acheter un petit truc à manger. Je n'avais pas prévu de lâcher 100dh dans une huile puis d'aller au resto.

Les prix sont trop élevés par rapport à ce qu'il me reste sur moi, du coup je prends juste un jus d'orange (20dh, jus fraîchement pressé).

Puis on discute, Mohammed est sympa, je pose des questions sur les prix (la négociation me met mal à l'aise ici, j'ai besoin d'avoir une idée des prix), il regarde mon huile et me dit qu'elle vaut à peine 30dh...

Il me dit que d'une façon générale il faut diviser le prix proposé par 2 ou 3 pour avoir le vrai prix.

Ok... c'est bon à savoir !!!


.


Finalement il me propose de m'avancer le resto et de me raccompagner ensuite à mon riad et je lui rendrai l'argent à ce moment là.


Il n'est pas insistant.

Ça, ça me plaît ! Je sens de l'espace, et la liberté de répondre ce qui me convient.

Je me concerte donc avec moi-même : la nuit tombe vite, j'ai un peu faim, beaucoup la flemme, il pourra me permettre de rentrer sans me perdre, il vient de me trouver un plat sans oignons, il n'attend rien de moi, il est honnête,... allez je dis oui ! Donc c'est parti pour le tajine kefta !



Oui, cette photo de nourriture gagne le prix de la plus moche photo !



Explication de cette photo :

Je suis timide et je n'ose pas faire de photo quand on me regarde, je trouve que ''ça fait touriste'' !


Oui, au lieu d'assumer mes envies et ma façon d'être je choisis de me juger et de supposer que toutes les personnes aux alentours feront de même.


Ahalala si seulement on se contentait d'être soi ?!


Donc on discute, je mange, on parle du Ramadan, et je n'ose pas photographier ces plats. Puis je me demande si c'est bien ça la tajine avec les boulettes de viande, je ne comprends rien, il n'y a pas de viande, et ce n'est pas une entrée pour patienter type olives, c'est très complet, peut être que le tajine sans oignon ben ce sont juste des légumes ? C'est plutôt complet comme plats.

C'est bon, alors je mange, et je ne pose pas de questions.


J'ai peur de passer pour une insatisfaite, je n'ose pas, je ne sais pas comment demander, la barrière de la langue et de la culture me ralentissent, j'ai peur d'être mal comprise. J'ai conscience de toutes ces questions intérieures, j'ai conscience de me limiter, j'ai conscience de ma limite sur le moment : je ne suis pas en mesure de dépasser ces peurs là, maintenant.

Et j'accepte ma limite, je lâche prise.


Un coup de pétard retentit ! Mohammed m'avait prévenue, c'est le top départ pour le premier repas de fin de jeûne. Il s'installe avec le serveur à une table et mange du tajine, il ont aussi des oeufs, du pain, du lait...

Puis il me prévient qu'il s'absente un peu et qu'il va revenir. La prière sans doute. Tous deux disparaissent, vite je photographie mes plats... ce qu'il en reste !

Voilà donc l'origine de cette photo !


Je finis de manger.

Je patiente 10 minutes.

Je racle les assiettes.

Je patiente 5 minutes.

Je commence à avoir froid, il y a du vent et la nuit tombe de plus en plus.

Je patiente 5 minutes.

J'ai peur qu'on m'ait oubliée.

J'ai froid, je finis mon morceau de pain, il n'y a plus rien à racler, je me sens perdue et seule sur ce toit, je fais une autre photo, je vois des éclairs dans le ciel... Je patiente 2 minutes.




Le serveur arrive avec le tajine !!!!

Je lui demande de le manger dedans (le tajine, pas le serveur).



J'ai osé dépasser ma peur de déranger en demandant au serveur de changer de table pour manger dedans ! Je suis fière de moi !

Comme quoi en acceptant ses limites on parvient à en dépasser d'autres !

Ok, j'avoue j'ai répété mon texte dans ma tête pendant les 10 dernières minutes, mais je l'ai fait, je lui ai demandé, je suis contente !



Le serveur m'amène un thé à la menthe cadeau de la maison, Mohammed réapparait. Il sera à côté de moi sur son téléphone jusqu'à la fin de mon repas, on discute par moments, mais il me laisse manger tranquillement. C'est un peu étrange pour moi, je ne sais pas si il ne me parle pas parce qu'il est timide ou que la politesse est de ne pas parler à quelqu'un qui mange ou parce qu'il attend juste de me raccompagner ou qu'il attend autre chose... ?! Du coup je vais vivre cette fin de repas de façon étrange et un peu mal à l'aise, la soirée entière était assez étrange...


Parlons de ce qui est intéressant : le tajine de kefta : il s'agit de boulettes de viande hâchée, dans de la sauce tomate avec plein d'épices, c'est succulent et riche de saveurs, servi avec le pain rond comme toujours.

Ça manque d'un féculent autre que le pain je trouve, comme de la semoule, des pâtes...

Les plats de tout à l'heure c'était les salades : de droite à gauche : riz au piment (j'aime quand c'est fort, là c'est hard, ma bouche chauffe !), haricots verts aux herbes (riche de saveurs, je redécouvre le goût de ce légume, les herbes sont bien choisies et c'est succulent), aubergines (là WOAW c'est merveilleux, j'adore les aubergines et elles sont préparées avec des épices, du piment et je ne sais quoi d'autre mais c'est un délice, une fête pour mon palais).


Je me suis délectée de toutes ces saveurs et j'étais quasi repue avant l'arrivée du tajine. J'aurais préféré manger le tout en même temps, j'aurais ainsi mangé moins de pain...

Je me sens un peu gonflée là...

Le thé à la menthe sera comme un dessert.



Je m'endors presque !

Il est 21h passées.

J'ai une facture : 20dh (jus orange) + 60dh (plat) + 10dh (service), Mohammed paye pour moi, il me demande si il laisse 100dh en tout (10 pour le service), je dis ok, les 10 pour le service étaient déjà comptés donc je ne saurais pas si c'est pour lui ou un pourboire en plus, mais ça me va.

10€ pour tout ça c'est cool.

Mohammed me raccompagne, il attend à l'entrée du riad (c'est sûrement pas correct qu'il soit vu entrant avec moi ici), je me dis qu'il est vachement confiant quand même ! Je descends avec l'argent et je le remercie vraiment beaucoup.

Il m'a ajoutée sur whatsapp et m'a proposé à plusieurs reprises de le rejoindre demain pour qu'il me donne l'huile adaptée pour mon genoux, ou faire une visite gratuite de la médina. Je le remercie, je lui dis que je le tiendrai au courant et je lui dis que c'est particulier pour moi, ce n'est pas ma culture et ça me met un peu mal à l'aise.


Je me respecte, je me positionne.

Parfois quand on nous propose quelque chose avec autant d'attention et de gentillesse on peut avoir du mal à décliner la proposition. En me respectant, je le respecte : si j'accepte une proposition ce n'est pas par gentillesse ou parce que je me sens obligée, mais par choix.



Il s'avère que Mohammed m'écrira de temps en temps, et les messages reçus à mon retour en France laissent entendre qu'il avait d'autres attentes envers moi...

C'est devenu lourd et gênant, alors je me suis positionnée avec encore plus de clarté, puis les messages et appels ont cessé.

La différence de culture semble créer un fantasme sur la « femme occidentale »...


.


Mon genoux va mieux. L'huile était donc sûrement efficace !


Deux moments amusants avec Mohammed :

Quand je lui dis que je suis surprise qu'il connaisse tout le monde ici, il me répond "comme Coca Cola !", je vais retenir cette expression, je n'aime pas le coca mais j'aime bien cette remarque !!

Et à un moment il me demandera combien il faut d'ânes pour m'acheter, ah ! Je préfère acheter l'âne et partir avec mais j'ai bien aimé ce genre de phrases qui sont assez rares à Nantes !! J'aimerais bien savoir si ça marche en plan drague dans les soirées nantaises, donnez moi vos retours si vous testez !!!



Je me couche dès 22h30, exténuée, avec ma couverture supplémentaire (oui j'ai osé demander ce matin !) et mon ventre plein, après m'être fait un dernier soin énergétique du genoux, avoir remis un baume aux plantes dessus et bu à nouveau l'huile de nigelle.


Dormir, ah dormiiiiiiiirr....




Je ne le sais pas encore mais demain sera une Grande et Riche journée !





A suivre...




INFOS PRATIQUES


. Guide ? Il arrive qu’au Maroc quelqu’un nous propose de nous accompagner, de nous faire visiter un endroit, puis ensuite demande à être payé pour le service.

Donc avant d’accepter il est bon de vérifier s' il s’agit d’un simple service ou s' il y a une autre attente. J’ai beaucoup lu à ce sujet avant de partir.


. PRIX : d’une façon générale il faut le diviser par 2 ou 3 pour obtenir le vrai prix. Ou sinon jouer ce jeu intéressant : de quoi j’ai envie ? Combien j’estime que cela vaut ? Ok, donc je l’achèterai à ce prix là (ou fourchette de prix) ou non. Et la négociation peut commencer. Ça demande beaucoup de lâcher prise et de confiance. Personnellement je ne suis pas à l’aise avec ce fonctionnement, le prix me rassure, surtout quand je n’ai aucune idée de la valeur des produits, de leur coût de production, du temps de travail,…

Libre à chacun.e de s’écouter, de se respecter, de jouer ce jeu ou non !


. Café restaurant Sekaya : de nombreux étages, beaucoup de place, une jolie vue quand on est sur le toit. J’ai pris le tajine de kefta avec salades (les 3 soucoupes de légumes), l'ai accompagné de pain. Un pur délice, assez copieux (mais je suis vite calée donc je ne suis pas une référence) pour 60dh (+10dh pour le service), et un jus d’orange à 20dh. Le thé à la menthe m’a été offert. Si riche en sucre il m’a fait l’effet d’un dessert.


. Culture / "femme occidentale" : je vais le vivre régulièrement lors de mon voyage : des hommes qui demandent à juste marcher à côté de moi, puis d’un coup me demande si j’ai un Facebook ou whatsapp, si j’ai un fiancé, pourquoi si j’en ai un il n’est pas avec moi…

Ça semble étrange une femme seule au Maroc ! Pourquoi mon mari n’est pas avec moi ?? Ou ma famille ?? Pourquoi je suis seule ??! 

Je me sentais regardée avec un mélange d’admiration et de curiosité. Je me sentais comme une star inaccessible ! C’était surprenant à vivre. J’avais envie de dire ''je suis juste moi, je suis juste là en vacances, c’est tout, on est pareil, on est humains, je suis juste moi’’.

J’aurai l’occasion de reparler de la culture assez souvent dans les prochains chapitres.





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